Trois barils de vin alignés les uns à côté des autres.

Du sang neuf dans les vignes

Crédits photos: Gregor Lengler
Une nouvelle génération

Aujourd’hui, la nouvelle génération de vignerons de la Moselle luxembourgeoise avance avec de nouvelles idées et un objectif commun : élaborer des vins irréprochables.

Ahn est un charmant village posé entre la confluence d’un ruisseau, le Donverbach, avec la Moselle et des coteaux très photogéniques. Il est dominé par le Palmberg, un des grands terroirs du pays qui est aussi une réserve naturelle que l’on peut découvrir grâce à la Boucle de rêve « Sentier Vin et Nature, Ahn Palmberg », un sentier de randonnée très prisé.

Au cœur de la localité se trouve un domaine désormais dirigé par deux jeunes hommes : Nicolas et Mathieu Schmit (27 et 26 ans) gèrent la Maison Viticole Schmit-Fohl. Le père des garçons, Armand, n’est toutefois jamais très loin et ses conseils sont précieux. La maison a été fondée au 18e siècle, mais elle vit avec son époque.

En 2017, Armand et Nicolas décident de lancer la conversion de la totalité du domaine au bio. Ils ont la conviction qu’en bannissant les produits chimiques de synthèse, la nature leur offrira de meilleurs vins. « Nous ne sommes pas des fondamentalistes du bio ! » rigole Nicolas. « Nous sommes simplement persuadés qu’en permettant à la vigne de croître dans un écosystème plus riche, elle s’épanouira mieux, ce qui ne peut être que bénéfique pour nos vins ». Après les trois années de conversion de rigueur, leurs premières bouteilles certifiées bios seront issues de la récolte 2020.

Photo d'un vigneron Crédits photos: Gregor Lengler

Un peu plus haut dans le village, Jeff Konsbrück (31 ans) a décidé de franchir un pas énorme en 2012. Jusque-là, son père, Guy, vendait ses raisins à d’autres vignerons mais à l’heure de prendre la main, Jeff a décidé de produire ses propres vins. Il possédait déjà de très belles parcelles dans des terroirs réputés (comme le Palmberg ou le Göllebour) mais pas de cave. Un nouveau bâtiment moderne et bien balancé est donc sorti de terre en face des terrasses du Palmberg.

Le défi est énorme mais sa réussite indéniable. En cave, Jeff a trouvé son style en produisant des vins qui font parler leurs belles origines. Les crus sont modernes, vifs et toujours équilibrés. Le jeune vigneron a également eu le nez creux en misant sur l’œnotourisme pour se faire connaître. En plus, la cave longe un sentier de randonnée de la « Boucle de Rêve » : « Lorsqu’il fait beau, plus d’une centaine de promeneurs passent devant chez moi et beaucoup s’arrêtent pour boire un verre de vin qui vient des vignes qu’ils ont traversées », sourit Jeff.

Gros plan d'une vigne dans la lumière du soleil.
Crédits photos: Gregor Lengler

Un peu plus au sud, à Remich, Corinne Kox a également décidé de revenir au domaine familial après de longues études de biologie. Elle accompagne donc son père, Laurent, une personnalité de la Moselle et l’un des précurseurs de la production de crémant au Grand-Duché. Jamais en retard d’une innovation, Laurent a trouvé en sa fille une digne héritière ! En 2014, une des premières idées de Corinne a été d’enfouir dans le jardin du domaine deux authentiques amphores géorgiennes en terre cuite : des kvevris, récipients de 800 litres identiques à ceux dans lesquels on produisait les premiers vins il y a 7000 ans. Simplement égrappés, les raisins ont été placés à l’intérieur et, il n’y avait plus qu’à attendre : « C’est la nature qui fait le vin ! ».

Aromatiques et complexes, ces vins étonnants nécessitent d’être servis à table, sur un magret de canard par exemple. Yohan Nguyen, meilleur sommelier du Luxembourg en 2018, évoque le Kvevri Riesling 2015 avec des termes élogieux : « La macération pelliculaire apporte de la complexité, de la puissance et une légère tannicité. Avec sa trame, sa pureté et sa minéralité éclatante, la longévité de ce vin est énorme : au moins dix ans, et sans doute bien plus. Un grand riesling, de gastronomie ! ».

Si Corinne Kox a un pied dans le passé, elle a aussi le regard tourné vers le futur ! En 2018, elle a été la première vigneronne privée à tester l’utilisation de drones pour traiter ses vignes. L’essai, réalisé sur quelques parcelles, a été concluant. L’intérêt des drones dans les vignes est multiple, mais la motivation première était de « diminuer les applications et les doses de produits phytosanitaires ». Puisque l’engin vole plus bas que l’hélicoptère, les traitements (en bio) ne se dispersent pas à l’extérieur des parcelles. Sans compter qu’en passant par la voie des airs, le tracteur ne vient plus tasser les sols et nuire à la microfaune.

Gros plan sur la viticultrice Corinne Kox, qui teste un vin. Crédits photos: Gregor Lengler

Du côté de Mertert, tout au nord de la Moselle luxembourgeoise, Pit Leonardy est membre des Domaines Vinsmoselle. Il est même le président des jeunes vignerons de la coopérative, les « Jongwënzer ». À 28 ans, il prend la succession de son père, Aly, une figure de l’institution, dont l’aide est cependant toujours la bienvenue car gérer un domaine de 29 hectares et 200 têtes de bétail est un tour de force !

La famille Leonardy a été la première, en 2014, à cultiver pour la coopérative des parcelles en bio. « Nous avons eu l’opportunité de replanter un terroir à l’abandon depuis des décennies : le Härenberg, à Mertert », explique Pit. Ces terrasses orientées plein sud sur de fortes pentes sont parfaites mais sont très difficiles à travailler. Situées dans une zone Natura 2000, la seule possibilité de les exploiter était le bio et les Leonardy n’ont pas hésité. « Ici, il faut écouter la nature plus qu’ailleurs, souligne-t-il. Le travail est plus compliqué mais aussi beaucoup plus intéressant puisqu’il faut réfléchir tout le temps ! »

Depuis, plusieurs autres vignerons de Vinsmoselle se sont décidés à cultiver des parcelles en bio. Pour mettre ces vins en valeur, la coopérative a lancé une nouvelle gamme au succès commercial immédiat. De là à augmenter les surfaces travaillées ? « Pour l’instant, nous gardons nos deux hectares mais il est évident que nous réfléchissons à développer davantage le bio », affirme Pit.

 

Plan gros d'un vignoble Crédits photos: Gregor Lengler

Sur la Moselle luxembourgeoise, c’est ainsi que la jeune génération voit son métier. Pas question de répéter les mêmes gestes saison après saison, bien au contraire. Mathieu et Nicolas Schmit, Jeff Konsbruck, Corinne Kox et Pit Leonardy intellectualisent continuellement tous leurs actes avec l’idée de faire mieux à chaque millésime.

Une belle région touristique

La Route du Vin longe une grande partie de la Moselle. Les possibilités de s’arrêter pour déguster de bonnes bouteilles ne manquent pas. Neuf cépages y sont cultivés : riesling, pinot noir, pinot blanc, pinot gris, gewurztraminer, auxerrois, rivaner, elbling et chardonnay.

La fête au village : La « Schwéidsbenger Wäifescht », la Fête du raisin et du vin de Grevenmacher, le « Riesling Open » de Wormeldange et la « Hunnefeier » de Schengen sont autant d’invitations à s’immiscer dans la culture locale.

Les Boucles de rêve : C’est ainsi que s’appellent les trois beaux sentiers de randonnée certifiés : « Sentier Vin & Nature Palmberg Ahn » ; « Manternacher Fiels » et « Schengen sans frontières ».

En savoir plus: https://www.visitmoselle.lu

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