Reso marche devant un mur peint de graffitis. L'œuvre d'art représente deux chevaux tirant un chariot.

Sarrebruck, ma ville

Crédits photos: Oliver Raatz
En compagnie de l’artiste urbain Patrick Jungfleisch alias Reso

L’obscurité, l’adrénaline, la rapidité : tels sont les conditions de travail de tout graffeur. Habituellement. Cependant, parfois, les artistes peuvent aussi, chargés d’une mission hautement officielle, manier la bombe aérosol à grande échelle, en plein jour et avec l’aide d’un pont élévateur.

Tels les 15 artistes internationaux qui ont transformé douze façades de la ville de Sarrebruck en œuvres d’art grand format entre mars et août 2017. Cette galerie en plein air permanente a été présentée la même année sous forme de parcours Urban ArtWalk. Elle devrait continuer à croître dans les années à venir. Ainsi, l’on rencontre toujours de nouvelles œuvres d’art au détour des rues de Sarrebruck : des formes géométriques, des surfaces aux couleurs vives, des tranches de citron surdimensionnées, un œil, ce sont autant de rencontres surprenantes.

Au fil de l’Urban ArtWalk, on circule aisément au cœur du centre-ville de Sarrebruck avec ses quartiers de la vieille ville, ses petites ruelles et la place St-Johann, et l’on se retrouve au cœur même du style presque français de la ville. Un site Web dédié à l’Urban ArtWalk permet de trouver les œuvres d’art et les explique par la même occasion.

Sur cette photo, Reso regarde dans la cour intérieure du cinéma huit et demi. On le voit de dos, il porte un tee-shirt noir. Crédits photos: Oliver Raatz
Des graffitis et des lettres

Patrick Jungfleisch était le commissaire du projet et l’a réalisé conjointement avec le ministère de l’éducation et de la culture de la Sarre et le galeriste Benjamin Knur. Depuis les années 1980, ce natif de Sarrebruck, qui a de la famille à New York et en France, est un artiste de graffiti international (« enfant, j’adorais les voitures taguées du métro de New-York et je voulais faire moi-aussi ce genre de choses »). Plus de 100 façades de maisons affichent ses œuvres d’art. Un jour, l’homme aujourd’hui âgé de 45 ans décide d’échanger la bombe aérosol contre la toile et le pinceau. Cependant, son art est resté marqué par le jeu émotionnel et graphique avec les lettres.

Un grand mur de béton d'un bâtiment est peint avec des graffitis : une main tendue est peinte de manière stylistique avec des blocs de couleurs et de motifs.
Crédits photos: Oliver Raatz
Un quartier branché : « le Nauwies »

L’artiste et galeriste nous montre certaines des peintures ArtWalk ainsi que ses lieux de prédilection dans la capitale du Land de Sarre. « La vie à Sarrebruck me convient parfaitement », déclare Reso, « les gens ont une mentalité très ouverte, nous avons un nombre exceptionnellement élevé de cafés et de restaurants de grande qualité, et il y a aussi de nombreux endroits au cœur de la ville propices au repos ».

Reso aime flâner, lorsqu’il a le temps de le faire, à travers le quartier Nauwies ; il aime le charme alternatif que l’on y trouve et rejoins ses amis ou partenaires d’affaires, par exemple, au restaurant « Herzenslust » ou au café « Kostbar ». Dans ce dernier, on se retrouve confortablement installé dans une arrière-cour au cœur d’un havre de verdure devant un cappuccino et des plats internationaux, souvent végétariens. Ici, dans le Nauwies, il y a d’ailleurs beaucoup de graffitis ; nombre d’entre eux ne faisant d’ailleurs pas officiellement partie de l’Urban ArtWalk.

Mais ils n’en sont pas moins passionnants et méritent le détour, le promeneur attentif découvrira ces œuvres d’art urbain disséminées dans cette partie de Sarrebruck, haute en couleurs. En tout cas, nous avons le temps de nous y attarder, car en compagnie de Reso, impossible d’aller bien vite. L’homme, dont le nom d’artiste Reso joue sur le mot français « réseau », est très connu par ici. Il rencontre une foule de connaissances et s’arrête à chaque fois pour discuter. « C’est vraiment formidable », déclare-t-il, « que Sarrebruck, avec ses 180 000 000 habitants, ait juste la taille requise pour avoir une réelle chance de rencontrer ses amis par hasard. »

L'entrée du cinéma huit et demi, cachée dans le coin d'un immeuble en brique. L'entrée est jaune vif et il y a des vignes qui pendent. Crédits photos: Oliver Raatz
Se détendre au bord de la Sarre

Nous continuons à nous promener, en passant devant l’ancienne caserne de pompiers, qui est aujourd’hui un lieu de représentation du Théâtre National de la Sarre. Nous nous dirigeons vers le marché de St Johann au cœur de Sarrebruck, où cafés et restaurant s’alignent côte à côte, un endroit très animé lors des longues soirées d’été. Reso nous invite à manger une saucisse au curry chez Kalinski. « C’est une institution, vous devez y goûter », dit-il, « c’est la meilleure du monde. »

À côté, dans sa boulangerie préférée, Brot & Sinne (le pain et les sens), il va vite acheter des croissants au chocolat et du pain ; le magasin possède un charme à la française, et l’on remarque ici, partout en ville, la proximité avec la frontière. Ensuite, nous nous baladons en direction de la Sarre, où les gens s’assoient dans l’herbe au bord de l’eau le soir après le travail, pour manger ensemble et se détendre. Sur le chemin, dans la Bismarckstrasse 1, nous passons devant la contribution de Reso à l’Urban ArtWalk. « Out of this World » se nomme la gigantesque œuvre d’art abstraite dans des teintes bleutées.

Reso sourit à la caméra alors qu'il est assis chez Kalinsky. Devant lui se trouve une currywurst avec des frites. Crédits photos: Oliver Raatz
Le Graffiti devient présentable

Nous flânons un moment au bord de l’eau, profitant du laisser-faire qui fait la grandeur de cette petite métropole. Nous faisons demi-tour au Ulanen-Pavillon, un restaurant presque les pieds dans l’eau. Et sur le chemin du retour vers la galerie, nous apercevons d’autres graffitis, tous plus intéressants les uns que les autres. Nous photographions Reso une dernière fois sous un pont aux côtés de créatures fabuleuses appliquées à la bombe aérosol et qui ne font pas encore partie de l’ArtWalk. Elles n’en sont pas moins magnifiques. L’artiste urbain raconte que la ville de Sarrebruck travaille déjà à la promotion de l’art du graffiti, notamment ici aux abords de la Sarre, où l’on peut officiellement embellir les ponts à de nombreux endroits. En effet, des panneaux ont été accrochés sur les piliers en béton gris : « Espace libre pour graffiti ».

Sur un mur fortement peint sous un pont se trouve un panneau indiquant "Graffiti Art Open Space".
Crédits photos: Oliver Raatz

L’obscurité, l’adrénaline et la rapidité ne sont donc plus nécessairement des éléments constitutifs de l’art du graffiti à Sarrebruck. C’est presque un peu dommage. Mais c’est beau de voir que les jeunes artistes de la nouvelle génération peuvent maintenant afficher leur art au grand jour sans crainte de représailles.

Plus d’informations au sujet de la ville de Sarrebruck : https://tourismus.saarbruecken.de
Au sujet de RESO : http://www.reso1.de
Et de l’Urban ArtWalk : https://artwalk.saarland/de

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