Val Dieu

Suite aux troubles de la Révolution française, les moines cisterciens ont perdu la
propriété de l’abbaye pendant une trentaine d’années. La famille Hannotte ayant alors
hérité des bâtiments installe un pensionnat dans le cloître et une foulerie à draps dans
l’ancienne brasserie. Après quelques années, ces établissements ferment et les
bâtiments sont abandonnés.

En 1840, les héritiers décident de vendre le clocher à l’église Notre-Dame de Verviers.
Seulement, le 20 mars à 11h30, lors du démontage, la grande masse oscille et
s’effondre dans un grand bruit sur l’église abbatiale, emportant avec elle les toitures et
les voûtes de la nef. Un ardoisier perd la vie dans l’accident.

L’église était en ruines, comme le raconte Caumartin en 1862 : « à chaque instant, de
ces grands murs qui s’élèvent dans le vide, il se détache une pierre qui tombe
sourdement et vient s’ajouter aux décombres qui s’amoncèlent dans les nefs »

Les cisterciens, de retour à l’abbaye, mènent un grand chantier pour compléter les
ruines de l’église et achèvent sa restauration en 1884. À l’occasion des 50 ans de cette
restauration audacieuse, ils reconstruisent une copie de la flèche disparue, celle que
l’on voit aujourd’hui. Elle mesure environ 35 mètres de hauteur et est recouverte de
plaques de cuivre rouge à l’origine, devenues vertes sous l’effet du temps.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les moines résistants Hugues Jacobs et
Etienne Muhren auraient caché un émetteur radio dans le clocher. Une mystérieuse
boîte fixée au-dessus des cloches serait un vestige de cette époque.

Aujourd’hui les cloches rythment toujours la vie de la communauté chrétienne du Val-Dieu, qui habite le cloître depuis le départ des trois derniers moines en 2001.